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Au cœur de Lyon, un centre de santé novateur

Publié le 30/01/2023 dans GRCS Auvergne Rhône-Alpes, Témoignages

Le Centre de Santé Sexuelle a ouvert ses portes en septembre 2022, à Lyon, rue des Capucins. Ce centre fait partie d’une expérimentation au titre de l‘article 51 de la loi de financement de la Sécurité Sociale : de la réponse à l’appel à manifestation en 2019 jusqu’ à l’ouverture effective en septembre 2022, il y a eu beaucoup de rebondissements – des changements de lieux, des désistements, mais aussi des partenariats durables et des rencontres décisives. Retour sur la création de ce centre avec Mme Colette Courdeyars, Présidente  et M. Aurelien Charnay, Directeur, dans un ancien poste de police municipal, repeint à blanc et opérationnel pour accueillir son public.

  • Comment est né ce Centre de Santé Sexuelle « Le Griffon »?

Tout commence en 2015 avec l’association Virages Santé qui propose aux patients une prise en charge par un duo “santé et associatif”. A cette époque la structure est située dans un endroit stratégique de Lyon – 5 rue du Griffon, la rue la plus passante de la ville. Le portage par l’association garantit une excellente connaissance du terrain. Pour être au plus proche des réalités des usagers, l’offre de soins alors proposée est de 18h à 21h, des soirées à thèmes sont mises en place (sur les « transitudes » par exemple ou encore le chemsex) ; autant d’expériences et de sujets qui vont permettre d’acquérir l’expertise nécessaire pour répondre à l’appel d’offre à manifestation d’intérêt de 2019 pour la mise en place d’un Centre de Santé Sexuelle d’approche communautaire dans des villes à forte prévalence de VIH. 

En plus du centre, aujourd’hui, 3 autres Centres expérimentaux: 

  • Paris : le Kiosque-Check-Point (Antenne de CeGiDD) -Groupe SOS SIDA 
  • Marseille : le Spot Longchamp- (CeGiDD) – (AIDES)
  • Montpellier : le Spot Montpellier (AIDES)
Notre région en chiffres :

  • 60% des hommes qui ignorent leur statut sérologique sont des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH)
  • Plus de 50% des infections diagnostiquées d’Auvergne-Rhône-Alpes sont dans le Rhône 
  • Dans le Rhône, le taux de VIH non diagnostiqué est 2 fois plus élevé que celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
  • Quelles sont les spécificités du Centre de Santé Sexuelle Le Griffon ?

Il est ouvert à tout le monde, mais développe une approche communautaire spécifique vers les populations clés : des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), des trans, des personnes en situation de prostitution, des lesbiennes, des migrants HSH…

Son objectif est d’accroître le nombre de dépistages et l’accessibilité aux ressources de santé sexuelle au plus grand nombre, de réduire les temps d’attente pour les résultats des dépistages, d’augmenter les personnes accueillies et favoriser les notifications vers les partenaires pour les patients recevant des résultats positifs.

Concrètement, cela se traduit par : 

  • Une double prise en charge médicale et associative qui fonctionne, comme l’a démontré l’expérience antérieure
  • Une grande amplitude horaire de 12H à 21H en semaine et une ouverture un samedi par mois de 12H à 17H
  • La pratique de la biologie délocalisée : les tests de dépistages VIH, hépatites et autres IST sont réalisés sur place avec un résultat obtenu en 90 minutes
  • La prise en charge de façon globale de la santé sexuelle du patient : d’où l’importance du binôme formé par les médiateurs communautaires et les médecins et des consultations de spécialités (Addictologie, Gynécologie, Proctologie, Psychologie, Psychiatrie, Sexologie.)

  • Aujourd’hui quels professionnels interviennent dans le centre ?

Deux médiateurs communautaires assurent le premier échange, ils ciblent le besoin du patient – est-ce du “simple” dépistage ? – c’est ce premier entretien qui va flécher son circuit (dépistage, consultation avec un spécialiste, conseils et orientation, …). Deux  infirmiers, un médecin référent à temps plein et 7 qui interviennent de façon ponctuelle. L’approche communautaire est présente tout du long du parcours.

  • Depuis l’ouverture en septembre, combien de patients avez-vous pris en charge ?

Plus de 1000 patients ont été pris en charge, avec une moyenne de 90 par semaine. Rapidement identifié par l’Agence Régionale de Santé comme un acteur incontournable pour le dépistage du « monkeypox » (la variole du singe) plus de 400 patients ont été vaccinés dans un temps court. Acteur reconnu dans la communauté, l’ implantation au cœur de Lyon est un avantage. Il reste à développer du “aller vers” certains publics, notamment les travailleur.euses du sexe.

  • L’expérimentation dont vous faites partie, comment s’est elle construite et jusqu’à quand va-t-elle durer ?

L’expérimentation prend fin en septembre 2023. Elle devait initialement durer 3 ans, mais a été raccourcie à 2 ans. Avec les 4 centres expérimentaux nous avons co-construit le cahier des charges, l’enveloppe financière ainsi que le protocole d’évaluation finale.

 Les 4 centres sont très différents et ne travaillent pas avec les mêmes partenaires, d’où l’importance à  obtenir un budget de fonctionnement. 

Les travaux ont été en grande partie réalisés grâce au soutien des Collectivités territoriales (Mairie, Métropole, Région) et aux dons de deux laboratoires

Le financement est géré par une caisse spécifique de l’Assurance Maladie dans le cas des Articles 51.

Le budget est réparti ainsi : 

  • 1- Un budget de fonctionnement fixe et défini en amont.
  • 2- Des paiements au forfait pour les dépistages, les traitements et la PreP.  
  • 3- La prise en charge des consultations et des vaccinations rentrent dans une dotation globale

L’évaluation finale se basera sur  les chiffres de novembre 2022 à mars 2023.

L’engagement associatif du premier centre historique VIRAGES SANTÉ, la connaissance du terrain, les liens avec les Associations lyonnaises et l’expérience du premier centre ont été déterminants pour l’ouverture du Griffon.

En s’appuyant sur le dynamisme des professionnels, ce Centre devrait se développer et nous le retrouverons dans quelques mois pour suivre l’évolution de cette expérimentation.

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