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“Vous avez mal parce que vous êtes grosse” – Propos blessants et grossophobes : qu’en est-il dans vos centres de santé ? Retour d’expérience et témoignage d’une patiente d’un centre de santé

Publié le 26/11/2021 dans En région, Témoignages

Vous avez mal parce que vous êtes grosse, il faut perdre du poids”. Ce sont les propos violents qu’un professionnel de santé a adressés à Gisela, 29 ans, qui alerte dans cet article du positionnement de certains professionnels de santé à l’égard des personnes en surpoids et de l’impact que cela a sur leur santé.

Si ces positionnements individuels de professionnels ne peuvent être contrôlés par les gestionnaires ; ouvrir des espaces de discussion au sein du centre pour libérer la parole ou mettre en place des groupes de pairs pour accompagner les patients en surpoids sont des pistes envisageables. C’est notamment l’expérience très positive que partage Gisela, patiente au centre de santé Santé Commune de Vaulx-en-Velin, dans cet article.

Retards au diagnostic, retards de prise en charge, maltraitance, maintien des patient.e.s dans l’ignorance, perte de chance voilà ce que dénonce Gisela dans différentes expériences vécues auprès de professionnels de santé.  

Devant des douleurs de règles très importantes, un gynécologue m’ayant examiné « à la force » m’a dit “c’est parce que vous êtes grosse !”. Au début on l’intègre et on pense “je suis grosse, c’est de ma faute”. En réalité, j’avais un problème d’endométriose avec un ovaire polykystique, ce qui rend difficile la perte de poids. En plus de m’avoir mal traitée ce jour-là, ce gynécologue ne m’a pas cru, n’a pas porté attention aux examens que j’avais réalisés, et ne m’a pas aidée à comprendre les raisons de mes douleurs.

De même, lors de ma dernière grossesse, l’échographe n’a pas pu voir les vaisseaux cardiaques du bébé mais il ne m’a pas fait refaire d’échographie de contrôle car “c’était ma faute, j’avais trop de graisse”. Puis comme j’étais déjà en surpoids, il a considéré que je n’avais pas besoin de conseils sur l’hygiène alimentaire : “vous êtes grosse donc vous savez ce qu’il faut faire”.

Dès que je me plains de quelque chose, peu importe ce que j’ai, on me renvoie qu’il faut perdre du poids. C’est très facile à dire mais il faut au préalable vérifier qu’il n’y a pas une réelle pathologie et ensuite réfléchir à comment nous accompagner. 

Face à ces différentes expériences, je suis allée chercher d’autres professionnels de santé mais il y a des personnes qui se découragent.

Qu’est-ce qu’un “bon soignant” ? 

Un bon soignant est une personne qui fait preuve d’écoute et de respect. Je trouve normal qu’un professionnel de santé pose sur la table le problème du poids, c’est bien de nous avertir, mais il y a des façons de parler. Les mots utilisés peuvent être blessants, irrespectueux et culpabilisants. Des personnes peuvent renoncer à des soins ou arrêter de se soigner à cause de ça, voire vont manger plus à cause du stress généré.

Un bon soignant est vigilant quant à sa posture de “sachant”, notamment auprès des personnes vulnérables. Car elle peut contribuer à nous mettre la pression, à renforcer le stress et le sentiment de culpabilité.

Enfin, un bon soignant nous accompagne et réfléchit avec nous à comment faire. Au bout d’un moment, quand on a essayé plusieurs choses pour perdre du poids, c’est important d’aller chercher plus loin et de se sentir épaulé.e.

Comment se passe la prise en charge à Santé Commune – qu’est-ce que le groupe de pairs ?

A Santé Commune j’ai trouvé cette écoute et ce respect dans la prise en charge. J’ai surtout rencontré Christine, infirmière Asalée qui m’accompagne, m’explique des choses et avec qui je peux aborder des questions comme mon rythme de vie. Lors d’un entretien avec Christine, elle m’a proposé de participer à un groupe de paires pour les personnes en surpoids. 

Ce groupe était composé uniquement de femmes, toutes en surpoids et ayant chacune un rapport ou une perception différente sur cette question. Nous nous sommes réunies pendant 8 mois. Les séances se déroulaient au sein du centre. Ce sont nous, participantes, qui avons décidé ensemble du contenu souhaité en listant les sujets que nous souhaitions aborder.

Une séance par mois était consacrée à l’intervention de personnes extérieures dans le but de nous aider à renforcer nos compétences. Nous avons bénéficié de l’intervention d’un endocrinologue, d’une socio-esthéticienne, du centre intégré de l’obésité… Les 3 autres séances mensuelles étaient consacrées à de l’activité physique adaptée. 

Cela a été vraiment super, une expérience d’entraide hyper riche ; celles qui s’acceptent mieux, qui sont plus soutenues par leur entourage, qui ont un caractère plus affirmé, soutiennent celles qui cheminent plus difficilement. Ces partages d’expériences m’ont permis de réaliser que je n’étais pas toute seule dans cette situation. Nous avions toutes la même expérience d’humiliation et de paroles violentes. Pour autant nous avions toutes des vécus différents. Les échanges et témoignages de chacune m’ont fait cheminer. Je suis ressortie avec la conviction qu’ « il faut apprendre à s’accepter mais ne pas renoncer » .

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