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Collaboration médecins généralistes/psychiatres : Témoignage de l’AGECSA sur leur organisation interne

Publié le 27/11/2018 dans GRCS Auvergne Rhône-Alpes

La santé mentale est l’un des axes phares que souhaite développer l’Agence Régionale de Santé Auvergne Rhône-Alpes. La volonté exprimée est de promouvoir le décloisonnement dans la prise en charge des patients pour aller vers une logique de parcours. Alors que des travaux vont être initiés dans chaque département, pour réaliser des schémas départementaux de santé mentale, l’AGECSA – association de gestion des centres de santé de la ville de Grenoble – témoigne ici de l’organisation mise en œuvre en interne pour sa patientèle.

Depuis plus de 40 ans, l’AGECSA a développé un partenariat fort entre médecins généralistes et psychiatres. Celui-ci s’est structuré à la suite du constat suivant :

Si plus de 30% des consultations et des visites des médecins généralistes en France sont généralement consacrées à des troubles psychiatriques, ce taux va jusqu’à 43% dans les centres de santé de l’AGECSA[1]. Pour autant le taux d’adressage des médecins généralistes vers les psychiatres demeure faible et les relations entre médecins généralistes et psychiatres sont peu satisfaisantes. Sur ce dernier point, une thèse[2] réalisée par une étudiante en médecine de Grenoble montrait que : dans 50% des cas la collaboration médecins généralistes/psychiatres était utile et dans 25% indispensable. 80% des médecins interrogés jugés la collaboration inefficace. Pour autant, la quasi-totalité des répondants exprimaient une volonté de se rencontrer. Les conséquences de cet état de fait étaient multiples. Pour les patients, il s’agissait d’absence et de retard au diagnostic, d’interruption des soins et de non compliance et d’accidents iatrogéniques. Pour les professionnels, la méfiance, les divergences de perception et les tensions laissaient place à la solitude.

Plusieurs leviers ont donc permis de structurer la prise en charge des patients en santé mentale à l’AGECSA.

  • Des rencontres régulières ont été organisées avec les CMP voisins- Centre Médico-Psychologique-  entre médecins généralistes, psychiatre de l’AGECSA et psychiatres du CMP. Une autre thèse de médecine générale dirigée par le Dr Caron, médecin psychiatre à l’AGECSA, a permis de décrire et montrer les plus-values de cette organisation[3]

Au nombre de 3 par an, ces rencontres ont pour objet l’étude de cas complexes suivis conjointement par les médecins généralistes de l’ AGECSA et par les psychiatres des CMP. Outre d’améliorer la prise en charge globale des patients, de diminuer les risques iatrogéniques et de favoriser l’adhésion aux soins des patients, ces rencontres ont des retombées très positives sur la relation entre professionnels. Elles renforcent la connaissance et le respect mutuel des professionnels, favorisent la déstigmatisation, sortent les professionnels de l’isolement en leur offrant un lieu de soutien réciproque. Au fil du temps, ces rencontres sont devenues un lieu de formation, où la question de la délégation a pu être abordée et où la légitimité de chacun à intervenir a pu être partagée. Ces rencontres permettent de renforcer les capacités de dépistage, de prise en charge communes et d’améliorer les parcours de soins des patients.

  • Une collaboration étroite en interne à l’AGECSA entre les médecins généralistes et un psychiatre partie intégrante de l’équipe médicale a été formalisée.

Un médecin psychiatre est intégré dans le centre de santé depuis sa création.  Ce lien a été formalisé en 2008, par une convention entre l’AGECSA et le Centre hospitalier Alpes Isère et a même abouti à la mise à disposition d’un temps de médecin psychiatre en 2012. Le Docteur Bruno CARON fait donc partie de l’équipe médicale avec un large périmètre d’intervention. Bien entendu, il exerce une activité clinique en étant le psychiatre référent pour les 5 centres de santé de l’AGECSA. En plus de cette activité clinique, il apporte un soutien aux équipes des centres en réalisant, sur chaque site, des temps réguliers d’analyse de la pratique et de supervision à partir de cas complexes. Il vient aussi en appui aux médecins généralistes en donnant des avis ponctuels sur des dossiers ou en réalisant des consultations conjointes pour certains patients. Il apporte également un soutien à leur pratique et contribue à l’amélioration de leurs connaissances et à leur capacité à prendre en charge des patients en souffrance psychique ou porteurs de pathologie psychiatrique. Enfin il partage son expertise en termes de réseaux de prise en charge de la santé mentale, aussi bien avec la psychiatrie publique (CMP et Hôpital de Saint Egrève), qu’avec les réseaux associatifs, institutionnels et libéraux.

Grâce à ces différentes actions, l’objectif ainsi poursuivi de renforcer les compétences des équipes soignantes dans la prise en charge de la souffrance mentale, la connaissance des réseaux, et les concertations internes et externes a pu être atteint. Riche de son expérience, l’équipe médicale de l’AGECSA ambitionne aujourd’hui de généraliser cette collaboration médecins généralistes- psychiatres sur le territoire. Les communautés professionnelles territoriales de santé – CPTS – sont l’une des pistes évoquées pour promouvoir cette prise en charge partagée de la santé mentale de la population.

 

[1] (Article Santé Publique, Vol 23, Supp N6, Nov-Déc 2011)

[2] Thèse de Charlotte Rouault (Grenoble – mai 2016)

[3] « Analyse du vécu et des enjeux relationnels des médecins généralistes et psychiatres, dans le cadre de rencontre régulières : une étude quantitative en Isère »; Thèse de Médecine Générale; Isabelle Couvert – Astrid Jacoud Mai 2018 (Grenoble)

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