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Et dans votre centre, vos chaises sont-elles discriminantes ? Retour d’expérience d’un centre de santé communautaire

Publié le 19/07/2021 dans GRCS Auvergne Rhône-Alpes, Témoignages

Au Village 2 Santé, centre communautaire implanté à Echirolles en Isère, c’est une question qui a été soulevée et portée par l’équipe. « Au travers de la question des chaises, il y a une vraie démarche de prendre soin ». Benjamin Cohadon, coordonnateur du centre, témoigne de l’engagement de l’équipe de ce centre pour un accompagnement global des personnes qui intègrent la question des discriminations.

« Les discriminations vécues par les personnes qu’on reçoit ont un impact sur leur état de santé :

  •  Impacts directs sur les conditions matérielles ; les discriminations pouvant empêcher d’accéder à un travail, à un lieu de loisirs, à un certain nombre de services qui influencent directement les conditions matérielles de vie et la santé de la personne.

 

  • Impacts directs sur le parcours de soins et l’accès aux soins; selon les pathologies, l’état de santé de la personne, sa couverture médicale, celle-ci peut être discriminée soit de manière directe dans son parcours de santé et parcours de soins en n’ayant pas accès à certains lieux de soins (ou en n’accèdent pas aux mêmes soins ou aux mêmes choix que d’autres), soit de manière indirecte en décalant des soins ou en refusant de se faire soigner pour ne pas avoir à revivre des violences vécues auparavant dans le lieu de soins du fait de son état de santé ou de sa situation économique.

 

  • Des violences psychologiques sourdes qui détériorent in fine l’état de santé de la personne, du fait de ne pas être traitée de façon égale ou de ne pas avoir droit à ce dont elle est en droit d’avoir droit.

Au Village 2 santé, c’est cette globalité qu’on essaie de prendre en compte dans l’accompagnement des usager.ères qui en majorité vivent quotidiennement ou régulièrement des discriminations. »

C’est tout un arsenal qui est déployé par l’équipe qui a été formée sur cette question ; de l’écoute active à la possibilité d’avoir le temps de verbaliser ces souffrances, à celle de lutter contre les discriminations vécues.

« On a mis en place un certain nombre de choses pour éviter le non recours direct aux soins comme le tiers payant intégral. Mais la question qui nous anime c’est comment en interne, nous ne reproduisons pas à l’intérieur du centre des situations qui pourraient s’apparenter à des discriminations des usager.ères. Et ainsi, comment prendre en compte la dimension des « discriminations indirectes » qui font que les gens n’ont pas accès à un accompagnement ou à des soins dont ils auraient le droit pour des raisons de violences symboliques ou matérielles vécues.

Nous essayons d’avoir un maximum de retours sur ce qui fait violence dans notre organisation.

  • Il y a des choses sur lesquelles on travaille, d’autres sur lesquelles nous n’avons pas encore la compréhension, d’autres pour lesquelles grâce à la littératie nous gagnons en compréhension. C’est le cas notamment de la question du genre, de l’accueil de personnes trans ou de personnes qui ne sont pas dans une hétéronormativité. Nous avons récemment suivi une formation au Village 2 santé sur la manière d’accueillir ces personnes. L’objectif étant d’identifier les bonnes et les mauvaises pratiques qui font qu’une personne concernée par ces questions puisse de l’accueil jusqu’au cabinet médical ne pas être choquée par nos façons de faire.

 

  • Par le biais de nos affichages, nous cherchons à obtenir des retours des usager.ères et à libérer leur parole. Afficher que nous luttons contre une situation témoigne du fait que l’on souhaite prendre en compte cette situation et la rendre visible pour nos usager.ères. Cela offre surtout la possibilité d’en parler. Le fait d’afficher, nous permet de nous confronter à la critique et d’avoir des feedbacks sur nos discordances.

 

  • Quant à la question des chaises, c’est une vraie question qui s’est posée à l’équipe afin de ne pas laisser de côté certaines personnes et leur permettre de se retrouver dans une situation où elles se sentent accueillies et à l’aise et non pas mises en difficulté. Plusieurs choses viennent se jouer sur cette question-là : faut-il des chaises avec accoudoirs ou sans accoudoirs ? La situation des personnes en surpoids vient percuter d’autres situations de handicap ou de complexité. Pour une personne âgée, les accoudoirs semblent indispensables afin de pouvoir se relever aisément. Pour une personne en surpoids, pouvoir s’asseoir dans une chaise sans accoudoirs pour ne pas avoir à évaluer s’il est possible de s’y asseoir ou non; ne pas avoir à poser la question au professionnel et de fait ne pas engager une discussion sur le sujet si la personne ne le souhaite pas relève du prendre soin. Nous avons choisi de conduire une vraie réflexion sur le choix de nos chaises, pour l’ensemble des espaces du centre – salles de consultation, accueil, salle « habitante » qui est la salle d’activité, dans laquelle sur demande des usager.ères qui coaniment cet espace de réflexion, nous avons installé un salon marocain aux assises plus rigides et moins confortable que les assises normales afin de permettre à tout le monde de s’y asseoir sans avoir peur de se relever. Finalement, nous avons choisi différents types de chaises pour permettre au maximum de personnes de se sentir à l’aise et de s’asseoir facilement. Largeur des assises, des accoudoirs, hauteur et rigidité des assises ; ce sont toutes les questions que nous avons traitées en équipe. »

Cet article s’inscrit dans une série d’articles portés par la commission du GRCS qui s’interroge sur la non-discrimination en santé.

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