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La prise en charge des publics vulnérables : médiateur en santé, le métier expliqué par Boris Roche de Solident 

Publié le 25/11/2022 dans GRCS Auvergne Rhône-Alpes, Témoignages

Dans le cadre des actions du GRCS de cette année, nous travaillons sur la production de fiches thématiques sur la prise en charge des publics vulnérables. Après celle consacrée à l’interprétariat professionnel que vous pourrez retrouver ici, nous avons souhaité mettre en lumière un métier encore méconnu : le médiateur en santé.

Actuellement, il n’y a pas de formation à proprement parler pour devenir médiateur en santé ( hormis un DU à Paris) , c’est un métier encore relativement nouveau.  Il existe  le référentiel de la Haute Autorité de Santé de 2017, qui définit et délimite les missions qui peuvent lui être attribuées, il est disponible ici.

Au-delà de la fiche consacrée à ce nouveau métier que vous trouverez ci-dessous, nous souhaitons illustrer concrètement comment un médiateur peut s’intégrer dans l’organisation d’un centre de santé, avec le témoignage de Boris Roche, médiateur à Solident, à Grenoble.

Comme expliqué dans le référentiel HAS, le médiateur en santé assure à la fois l’accompagnement de la personne (aide au recouvrement des droits, démarches sociales,..) et est également un appui pour le personnel soignant pour le sensibiliser par exemple sur les situations sociales de ces publics…Concrètement, comment cela se traduit ?

Le cadre de base de mon travail est d’être le point de jonction entre la situation sanitaire des personnes et leur situation sociale. L’idée est de décloisonner le sanitaire du social, ça permet de décloisonner le champ médical de la vie des personnes. 

A Solident, je vois toutes les personnes avant leur rendez-vous avec le soignant, pour les accueillir, leur expliquer.  Ensuite, s’ils le souhaitent, je suis disponible après leur rendez-vous, pour voir si tout a bien été compris. Ces temps d’accompagnement permettent de casser la distance qu’il peut y avoir avec le personnel médical, je peux prendre le temps d’expliquer, de vulgariser les droits, parce que les dentistes ne les connaissent pas forcément.

Certaines fois, à la demande du patient, je peux même rester au démarrage du rendez-vous médical (avant que la consultation commence). On sous-estime souvent le poids de la hiérarchie du personnel de santé sur le patient. J’ai un vrai rôle d’accompagnement physique.

Comment as-tu trouvé ta place au sein de l’équipe Solident ?

Les relations avec les professionnels de santé dépendent vraiment de ce que met en place la structure. Chez Solident, la médiation en santé était au cœur du projet de création dès le départ. J’anime donc des temps de formation pour les équipes, nous avons des temps de réunions pluriprofessionnelles… Ce n’est pas évident de remettre en cause certaines pratiques, mais petit à petit, on sème des petites choses… Par exemple, dans les locaux où nous étions auparavant, il y avait des médecins libéraux. Avec notre présence et nos temps d’échanges, ils ont compris l’importance d’avoir recours à de l’interprétariat professionnel et aujourd’hui ce recours est rentré dans leurs pratiques.  

il y a une grande méconnaissance entre les différentes réalités professionnelles, notamment entre celle des travailleurs sociaux et celle des professionnels de santé. Sans compter la complexité des droits à la santé : il est difficile aussi pour les travailleurs sociaux d’en connaître toutes les spécificités et les couvertures. Je suis donc l’interface entre tous ces acteurs.

Comment ces publics viennent-ils à Solident ?

Nous ne recevons que des patients envoyés sur prescription par des structures du médico-social. Cela permet de faciliter leur suivi  de travailler ensemble avec les différentes structures qui ne sont pas au fait de tous les droits en santé possible en fonction des publics.

Quel est donc ton parcours pour être médiateur en santé ?

Médiateur en santé c’est souvent un intitulé de poste, étant donné qu’il n’existe pas de formation diplômante, hormis le DU à Paris. Ce sont souvent soit des travailleurs sociaux, soit des infirmiers qui se forment. J’ai suivi un DU Santé Précarité, puis j’ai fait des observations dans des structures avec des médiateurs en santé. J’ai également passé beaucoup de temps avec les soignants pour comprendre les soins qu’ils dispensent et pouvoir ensuite les expliquer aux personnes.

L’ouverture à l’accès aux droits est mon activité cœur : j’ai donc rencontré pas mal de structures, je me suis formé. Et puis je participe au groupe de travail départemental d’accompagnement en santé du POPS à Grenoble. C’est une structure intéressante qui a d’ailleurs produit des travaux utiles sur la médiation en santé. 

Ton poste aujourd’hui, comment est-il financé ?

Aujourd’hui nous sommes deux médiateurs. Historiquement un poste de médiateur à temps partiel était financé par l’ARS sur un dispositif rattaché à la prévention et promotion de la santé.

Ensuite un petit temps partiel est financé à travers les crédits d’une PASS dentaire portée par Solident.

Finalement pour compléter ces deux temps partiels, c’est le volontarisme politique de Solident qui finance le reste sur notre activité centre de santé.

Peux-tu nous donner un exemple concret d’une action ou d’un projet qui a été mené grâce à ton action en médiation ?

La médiation en santé permet de réfléchir au cadre collectif, elle permet de se poser régulièrement des questions, comme par exemple celle concernant les horaires et les rendez-vous non honorés. 

On a passé beaucoup de temps à rappeler, à essayer  de comprendre, à donner des rendez-vous adaptés. Par exemple, aujourd’hui, nous permettons aux mamans de venir avec les enfants : nous avons réduit drastiquement les absences.

On s’est également rendus compte que les rendez-vous avec horaires précis peuvent ne pas correspondre aux conventions sociales d’une partie de nos publics. Par contre, ils sont d’accord pour avoir des plages de temps où ils savent qu’ils peuvent venir sans rendez-vous et attendre leur tour. Alors, dès notre déménagement fait, nous allons lancer une expérimentation avec deux demi-journées sans rendez-vous par semaine, avec comme objectif de réduire le nombre de nos rendez-vous manqués.

Pour des structures qui reçoivent des public vulnérables, avoir un médiateur dans l’équipe ou tout du moins quelqu’un formé à la médiation est un choix pertinent. Cela permet de “déminer” beaucoup de situations – aider à l’ouverture des droits, assurer le suivi des patients, comprendre les raisons des absences, etc…-  et ça permet in fine d’en assurer la prise en charge. 

Au-delà du poste en tant que tel, c’est important qu’il y ait la volonté de se poser, de questionner l’organisation du travail, parce qu’il y a un vrai intérêt à donner une place à cette question de prise en charge de ces publics, notamment aujourd’hui avec l’Avenant 4 des centres de santé. Si le centre ne peut pas recruter, il est possible de pouvoir former les personnes qui sont à l’accueil, avec la possibilité, en étant attentif, de se faire financer !

Retrouvez ICI la fiche sur la médiation ainsi que celle consacrée à l’interprétariat professionnel.

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